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Luc Besson, The Lady et les images amateur

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300 films pour un seul festival, c'est beaucoup. C'est ce que proposait cette année le festival de Toronto, où l'on trouve vraiment de tout. A l'extrémité la plus expérimentale, la plus exigeante formellement, La Montagne du Libanais Ghassan Salhab (film révélé cette année par le FID Marseille) offrait au spectateur un moment de cinéma intense, plongée hypnotique d'une heure et demi dans la solitude d'un homme qui a choisi de se détacher d'un monde arrivé à un stade pré-apocalyptique. Quasi-muet, filmé dans un noir et blanc sublime rappelant parfois les fulgurances d'Alphaville, cette oeuvre profondément méditative, semblant revenue d'un temps glorieux et révolu du cinéma, fut réservée aux quelques happy few qui avaient la curiosité de sortir des sentiers battus de la programmation. A en croire les échanges exaltés qui suivirent la projection, ils ne l'ont pas regretté. (NB : sur le site de Ghassan Salhab, vous trouverez des extraits de ses films)

le cinéaste Ghassan Salhab

De l'autre côté du spectre, Luc Besson a lancé The Lady, son biopic de la leader de l'opposition birmane Aung San Suu Kyi dont la sortie française est fixée au 30 novembre, et qui a eu le mérite inattendu de résonner avec la réflexion proposée par Les Etats Généraux du documentaire de Lussas cette année autour des images amateur. Le film a beau durer 2h30, ne vous attendez pas à ce qu'il vous éclaire de quelque façon que ce soit sur la situation historique et politique de la Birmanie. Luc Besson, qui s'en étonnera, présente les choses à sa manière, opposant des militaires très très très méchants qui tuent les honnêtes citoyens avec d'effroyables rictus sadiques (autant pour les motivations idéologiques et stratégiques de la clique), aux honnêtes citoyens, tous très très gentils et toujours d'accord entre eux, qui se battent pour la sainte liberté. Irréprochablement imitée par la Malaisienne Michelle Yeoh, qui a appris le Birman pour l'occasion, Aung San Suu Kyi est avant tout une femme nous dit ce film qui gravite autour de sa relation à son mari, à ses enfants, et accompagne chacune de ses victoires politiques par une sirupeuse musique de mélo (signée de l'increvable Eric Serra, toujours dans la place). Fiction du pouvoir, recyclage du dogme libéral, The Lady ne raconte rien d'autre que le glorieux et stérile combat pour la liberté. Exactement comme le faisait Burma VJ, un film danois de Anders Østergaard réalisé à partir d'images filmées dans les rues de Rangoon en 2007 pendant la révolte des moines bouddhistes et diffusé par HBO, qu'avait présenté Pierre-Oscar Levy dans le cadre de son atelier lussassien "Le Cabinet amateur".

O surprise, à la fin de son film, Besson aussi reprend certaines de ces images, qui lui donnent l'occasion de remercier au générique les vidéastes amateurs qui ont filmé au péril de leur vie. Et d'ajouter un petit supplément d'âme a ce blockbuster programmé, qui en manque cruellement.


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